Cerises, cerises et encore des cerises !
Les cerises, qui n’aiment pas grignoter des cerises la saison venue ? Les meilleures sont toujours celles que l’on cueille dans l’arbre et mange au fur et à mesure….à condition que les merles vous en aient laissé quelques unes !
On peut donc en profiter dès qu’elle sont sur les étals ou bien mûres sur votre arbre. Et on peut aussi se la jouer fourmi et faire des provisions pour l’hiver. Pourquoi ? Pour la gourmandise bien sur mais pas seulement.
En herboristerie traditionnelle, nous n’utilisons pas le fruit. Nous connaissons la queue de cerise pour son action diurétique et c’est la seule utilisation qui perdure. Alors qu’en Médecine chinoise, fruit, feuille, racine, queue et noyau sont répertoriés !
Revenons au fruit, il existe différentes variétés de cerises : les douces de couleur jaune et rouge clair où l’on retrouve les guignes ou les burlats, les cerises dites acides dont la griotte et les cerises sauvages que l’on retrouve sur les merisiers et que l’on peut utiliser dans certains Kirsch.
Vous trouverez forcément une cerise qui vous convient.
Cerise – Ying tao en mandarin
Nature : tiède – Saveur : douce et acide.
Tropisme : Rate/Estomac – Foie (et Reins pour certains).
Tonifie le Qi et favorise la digestion : c’est une belle tonifiante générale – Elle chasse le vent-froid/humidité : là c’est une super complice en cas d’articulations douloureuses ou de mal de dos. On dit qu’elle tonifie les sang et régénère les reins. Elle chasse également l’humidité et donc vous aide en cas d’œdème.
C’est particulièrement son action contre le vent-humidité qui m’a intéressée. Dès la pré-ménopause, sauf cas particulier avant, les articulations peuvent devenir douloureuses : on ressent quelques raideurs, le dos fait mal plus longtemps après du jardinage ou sport….voire on réagit carrément quand le temps devient humide ou orageux ! Et là, c’est exactement le genre de situation où la cerise va venir agir petit à petit et en complément d’autres choix alimentaires bien sur. Il faudra peut être choisir des plantes en complément en cas de crise douloureuse et également adapter son activité physique tout comme son alimentation (on oublie tout ce qui humidifiera le corps), mais la cerise viendra travailler en douceur sur la cause, et ça c’est un vrai bonheur. On dit qu’elle agit aussi bien sur les douleurs de type plénitude que sur celles dues au vide. Son tropisme au Foie lui permet également d’agir sur les raideurs, les douleurs aux tendons.
Alors dès que la saison est là et que les cueillettes sont généreuses vous pouvez commencer à faire vos préparations. Quand mon cerisier n’est pas assez productif, je surveille les caissettes de « cerises à confiture » chez mon primeur. A condition que la queue ne soit pas trop desséchée (gage de fraicheur), elles sont parfaites pour les différentes utilisations ci-dessous (en écartant les plus abîmées bien sur).
Comme elle est riche en antioxydants, la cerise va être également utile pour limiter l’inflammation dans le corps (et donc au niveau articulaire).
Le plus long sera de les dénoyauter !
Vin de cerises
- 500gr de cerises
- 1 litre d’alcool (alcool de fruits ou cognac par exemple voire eau de vie, alcool de riz, gin… )
- 1 bocal type Le parfait d’environ 1,5 litre
Nettoyer vos cerises, épongez-les puis enlevez les queues.
Incisez légèrement chaque cerise sans les dénoyauter et les mettre dans votre bocal propre au fur et à mesure.
Ajoutez l’alcool, fermez votre bocal et laissez macérer minimum 15 jours dans un lieu type cave (abris de la lumière, température plutôt fraiche donc).
Remuez régulièrement votre bocal.
Vous pouvez consommer ce vin de cerises au bout de 15 jours mais la macération peut être plus longue sans problème.
Ce vin de cerise est principalement utilisé contre les douleurs rhumatismales : consommer 1 à 2f/jour 20ml dilué dans un peu d’eau tiède après les repas. Les fruits peuvent bien évidemment être consommés…avec modération !
On peut également l’utiliser en récup. après un effort intense pour le côté tonifiant et son action sur les douleurs.
Dans une recette traditionnelle chinoise trouvée, les cerises mises à macérer dans l’alcool étaient mises dans une jarre de terre qui était enterrée elle-même en terre jusqu’au début de l’hiver avant d’être utilisée.
A noter, dans notre tradition ce sont les feuilles de merisier qui sont utilisées (ou à défaut celles d’un cerisier) pour faire un vin de cerise avec du vin rouge, du sucre et l’on y associe également de la Cannelle
Et l’alcool ? si son excès est vu comme toxique et humidifiant pouvant engendrer stagnation de qi et chaleur (entre autres) par la médecine chinoise, une petite consommation agit sur la circulation sanguine et l’ouverture des méridiens par exemple. De même qu’en Herboristerie traditionnelle, l’alcool est utilisé comme solvant pour extraire certains principes actifs de plantes ou aliments, comme ici avec les cerises, tout en bénéficiant de certains « bienfaits ».
Cerises séchées
Pour 1 bocal 1 litre environ
- 500gr de cerises à dénoyauter
- 1 déshydrateur électrique (voire solaire) ou four ou des journées chaudes à fort soleil
Rien de compliqué, mais il faut un peu de patience et d’huile de coude.
Rincez-vos cerises et épongez-les pour enlever le plus d’eau possible. Dénoyauter vos cerises avec un outil adéquat – dénoyauteur ou au pire couteau (vous pouvez également garder les queues pour les faire sécher à part si besoin).
Il vous faudra ensuite les fendre ou 2 de manière à faciliter le séchage. Disposez-les sur vos grilles de déshydrateur sans qu’elles se chevauchent ou s’entassent. La durée du séchage varie en fonction de nombreux paramètres : puissance de votre machine, thermostat ou non, météo extérieure aussi !
Si vous avez plusieurs plateaux et un déshydrateur basique : il vous faudra régulièrement déplacer les différents plateaux pour bien répartir le séchage.
Le mieux est de contrôler régulièrement et de se fier au toucher et à l’œil : elles doivent être sèches mais encore souples (un peu comme les abricots séchés de magasin bio, ou les canneberges par exemple).
A titre d’info, les miennes ont séché environ 12 ou 14 heures réparties sur plusieurs jours (avec des coupures la nuit). Je vous ai mis 2 photos : avant-après.
Vous pouvez également utiliser votre four en chaleur tournante, à condition de pouvoir régler la température autour de 35/40° (max 50°). En général, on fait sécher porte du four légèrement entrouverte mais ce n’est pas obligatoire. Les cerises devront être étalées sur une plaque recouverte de papier cuisson et ne pas se chevaucher. La encore, la durée de séchage est variable (jusqu’à 20H.).
Enfin, pour les plus Rock & Punk, il y a le séchage « comme on peut » : vos cerises placées dans l’habitacle de la voiture, derrière le pare brise en plein soleil….voire en plein air, mais là plus dangereux car insectes et oiseaux ne se priveront pas ! Même recouvertes d’étamine. Il faudra compter jusqu’à 2 jours par forte chaleur.
Les cerises séchées sont délicieuses le matin dans votre porridge ou gruau : j’adore les marier à des châtaignes cuites l’hiver, c’est tellement gourmand et réconfortant ! Mais vous pouvez aussi en profiter en en-cas avec des noisettes – amandes ou noix, voire dans vos cakes aux fruits ou muffins.
Un bon combo : avec des jujubes pour tonifier le Qi par exemple ou avec noix et châtaignes pour tonifier les Reins.
Astuce : vous allez vous retrouver avec un certain nombre de noyaux…pourquoi ne pas les nettoyer en les passant à l’eau bouillante ? vous pourrez ensuite les utiliser pour en faire une bouillotte sèche de noyaux, à condition de savoir coudre 😉
Compotées de cerises à la Rose
Alors là, folie gustative trouvée chez Ottolenghi (encore lui, qu’il propose en accompagnement d’un riz au lait !)
- 500gr de cerises (vous pouvez mixer 2 variétés si vous en avez la possibilité. Y. Ottolenghi conseille de choisir des griottes et des cerises type burlat/bigarreau)
- 1 bâton de cannelle (j’ai mis 1 grosse pointe de couteau de cannelle moulue)
- 1 cuillère à soupe de jus de citron
- 1 cuillère à soupe d’Hydrolat de rose
- Quelques pistaches pour servir
- Sucre : le mieux est de faire sans, si vos fruits sont peu sucrés incorporez 1 cuillère à café de sucre brun
Après les avoir lavées si besoin, dénoyautez au moins la moitié de vos cerises (ce sera plus agréable en bouche).
Mettre dans une casserole les cerises, la cannelle, le jus de citron et cuire à feu moyen. Vous devez obtenir une compotée avec un jus un peu sirupeux, qui aura bien diminué, 20mn minimum seront nécessaires.
Une fois vos cerises cuites, enlevez le bâton de cannelle et ajoutez l’hydrolat de rose. Mélanger bien afin de répartir l’hydrolat et laissez refroidir la préparation dans des ramequins.
Pour servir, parsemez de pistaches concassées et de quelques pétales de roses. Et régalez-vous !
Alors là, cette compotée est top dans un porridge neutre le matin. Avec en plus quelques pétales de roses dessus c’est divin et tout doux pour le réveil !
Elle peut bien évidemment être consommée au goûter par exemple. La cannelle et la Rose viennent non seulement apporter un gout délicieux mais également renforcer l’action de la cerise sur les douleurs et favoriser la circulation (Qi, sang).
Sources : ces aliments qui vous soignent – J. Chapellet – P. Sionneau
Cours de Diététique chinoise – Institut Chuzhen
Phytothérapie alimentaire chinoise – L. Shaohua – M. Jouanny
Merci de respecter ce travail qui est sous licence CC BY-NC-ND 4.0 
