…de la rentrée !
j’exagère à peine, si si si.
L’Ortie, Urtica dioica pour l’ortie dioïque ou Urtica urens pour l ‘ortie brûlante, est souvent une plante chouchou d’une grande majorité d’herboriste. Pourquoi ? Parce qu’ils sont un peu farfelus ces fanas de plantes ? Peut-être…
Mais surtout parce qu’elle regorge de qualités l’amie ortie et ne vous veut que du bien !
Alors là, vous vous dîtes que c’est probablement une blague. Vous repensez à votre vol plané en vélo, oui celui où vous avez voulu tester le frein avant dudit vélo, et où vous avez atterri dans le fossé rempli …d’orties. Aie, ouille, vous vous rappelez encore de cette douleur piquante, si cuisante, si brûlante…sans parler du vinaigre que votre grand-mère a aspergé dessus vos piqûres !
Avouez, avouons tous, nous avons des souvenirs bien peu agréables de nos rencontres avec l’Ortie.
Oui mais voilà, rien n’étant jamais tout noir ou tout blanc, la dame piquante, sous ses airs peu engageants, cache moultes qualités.
L’ortie, reine des minéraux
Si vous ne deviez en retenir qu’un, ce serait celui-là !
L’ortie est un trésor de minéraux, dans ses feuilles en particulier on y trouve : Calcium, Potassium, Silicium, Fer, Magnesium, Zinc, Manganèse, Soufre…vous voyez mieux d’où elle tire ses qualités de grande reminéralisante.
Mais elle contient aussi dans ses feuilles et racines des flavonoïdes (qui ont une super action anti-oxydante et anti-inflammatoire entre autres), des phytostérols (utiles dans les problèmes de prostate par exemple), des polysaccharides dans ses racines et acides caféiques dans ses feuilles (qui eux ont une action immunomodulante), mais aussi tanins, chlorophylle et des vitamines à la pelle : Vitamines A. B2.B5.B9.C.K…, pour ne citer que quelques principes actifs de la plante.
L’ortie a donc pendant longtemps été une plante très utile dans l’alimentation en période de disette, et elle reste aujourd’hui fort utile afin de contre-balancer une alimentation contemporaine devenue fort pauvre en vitamines et minéraux du fait d’un mode de production industrialisé et d’une Terre malmenée.
Et c’est donc tout naturellement que la partie contenants des minéraux va nous intéresser un peu plus en cette période de rentrée. Mais en avez-vous une petite idée ?
Les minéraux si utiles
Parce que nécessaires au bon fonctionnement de notre corps, ces minéraux interviennent dans différents systèmes ou tissus : en soutien de l’équilibre hormonal, sont nécessaires aux muscles, sont indispensables au système nerveux (oui le fameux Magnésium en période de stress, ça vous parle?) et nourrissent le système immunitaire pour ne citer que ceux-là.
L’été, la transpiration due à la chaleur extérieure nous fait perdre naturellement une bonne quantité de minéraux. Notre alimentation tout comme l’eau ingérée ne suffisent pas à refaire le « stock interne ». Nous savons qu’ils sont nécessaires au bon développement du système immunitaire tout comme à certaines phases de réaction de ce même système.
Il devient donc cohérent de reconstituer ce capital, pour notre corps, perdu ou bien diminué pendant la saison chaude.
Refaire ce stock minéral (si je peux dire), c’est aussi commencer à préparer son corps au changement de saison et faire le plein de minéraux et vitamines bienvenus en cette période de rentrée où beaucoup reprennent un rythme très…sportif. C’est aussi, renforcer le grand système de défense du corps et le nourrir en douceur, prévenir les douleurs liées à la saison froide. Bref, c’est un moyen d’accompagner facilement mais surement sa bonne marche, afin de s’assurer d’un fonctionnement idéal lors de l’hiver.
La prévention reste toujours plus simple à mettre en place, en parallèle d’une alimentation riche en légumes et fruits de saison et non traités, qui reste une base.
L’ortie a d’autres piquants à son arc
Bon, elle était facile.
L’ortie a toujours fait partie de nos tables tout comme de notre « trousse de soins ».
Les jeunes feuilles ont toujours été consommées pour leur action revitalisante, coupées et intégrées à une salade par exemple. En soupe bien sûr, consommées comme des épinards ou encore ciselées dans une omelette. Vous trouverez j’en suis sûre des tas de possibilités.
Dioscoride, Galien et Pline reconnaissaient déjà son utilité.
En utilisation médicinale, ses feuilles étaient employée au Moyen-âge contre les hémorragies.
Elle est aussi diurétique, reste un excellent dépuratif en favorisant l’élimination de l’acide urique. Antidiarrhéique grâce à ses tanins, même si d’autres plantes sont plus puissantes, antianémique de part sa richesse en minéraux, donc fort utile en convalescence ou encore antirhumatismale car elle facilite l’élimination des toxines inflammatoires, pour ne citer que quelques exemples.
Ses racines ont un usage reconnu dans les problématiques de prostate (type hypertrophie bénigne).
Vous comprendrez qu’un seul article ne peut tout aborder, tant elle a de qualités cette ortie si commune.
L’ortie en énergétique chinoise
Car là aussi, elle est profitable au Qi (+/- énergie vitale).
Ses feuilles seront fort utiles lors d’une faiblesse de la Rate grâce à leur côté nutritif. Elles soutiendront l’énergie de celle-ci dans toutes ses fonctions de tri mais aussi dans la production de sang. Et qu’en on pense au sang en énergétique chinoise ou MTC, on pense aussi au Foie ! On retrouve le lien avec l’action antianémique ou reminéralisante de l’herboristerie de nos contrées.
Sans oublier ses graines et racines, qui elles auront un tropisme plus pertinent avec le système urinaire. Vous devinez déjà le lien avec les problèmes de prostate abordés rapidement auparavant.
Et l’ortie au jardin, on en parle un peu ?
Certes, on sort du cadre de la rentrée ! alors je vais faire court : gardez là précieusement si elle pousse chez vous. Et pas seulement pour en cueillir ses jeunes pousses et les consommer.
Elle vous indique un endroit riche en azote et en minéraux (ben tiens). Utile pour activer le compost, son purin est aussi un bon moyen de renforcer vos plantes potagères ou plus décoratives. Elles pourront ainsi mieux lutter contre différents insectes type pucerons.
Comment prendre l’ortie et ses consœurs ?
Car si l’article porte sur l’Ortie, d’autres plantes médicinales bien connues sont aussi riches en minéraux : la bien connue Prêle des champs bien sur dont on utilise la tige. La Pariétaire (Polygonum persicaria), la semence de Millet brun, la tige de Bambou tabashir plus exotique, pour ne citer que ceux-là.
Le meilleur moyen de profiter du côté reminéralisant de l’ortie et ainsi soutenir ses systèmes nerveux et immunitaire, reste l’infusion prolongée comme le rappel Christophe Bernard d’Althea Provence (lien dans les sources bas de page).
Pour 10 gr par 1/2 litre d’eau frémissante, on laisse infuser 30 minutes, oui, oui. On prend le temps avec l’ortie, du temps pour soi.
Bien sûr, son goût n’est pas à tomber par terre, un peu vert, herbacé…bref pas topissime pour des palais ou papilles du XXIe siècle.
Mais rien ne vous empêche d’y ajouter d’autres plantes médicinales : soit simplement pour le goût avec la Menthe, l’Anis ou une simple rondelle de citron ou d’orange, non traitée, ou encore la Verveine citronnée si douce. Soit en fonction de besoins plus orientés santé et déterminés par une personne formée comme un herboriste, phytothérapeute ou naturopathe.
Pour ses copines prêle ou encore bambou vous les trouverez sous forme de poudre, extrait standardisé voire extrait alcoolisé afin de respecter la législation française.
Et pour les moins courageux ou plus pressés, sachez enfin qu’il existe des compléments alimentaires buvables qui intègrent ces différentes plantes contenant de la silice. A prendre en cure d’1 mois minimum, mais le coût sera donc supérieur à une plante sèche achetée en herboristerie ou à un producteur-cueilleur.
Quelques précautions concernant l’Ortie
Assez peu de contre indications. Une très petite partie de la population (1 à 2%) aurait du mal à la tolérer. Cela entrainerait quelques inconforts digestifs, voire des réactions allergiques.
Cependant, avant toute prise au long cours, prenez conseil auprès d’un professionnel si vous souffrez d’hypotension car elle pourrait empirer la situation. Evitez en cas d’insuffisance rénale bien sur, si vous êtes sous anticoagulant car elle contient de la vitamine K, si vous avez un excès de Fer.

Enfin, si vous souhaitez la cueillir, choisissez la saison adéquate. Plutôt le printemps pour les jeunes pousses, la fin d’été pour les graines et l’automne pour ses racines.
Evidemment, assurez-vous de bien la reconnaître, car le Lamier Blanc (photo ci-contre) est aussi appelé Ortie blanche ! mais n’a rien à voir avec l’ortie. Et choisissez un endroit non pollué bien sur, donc pas de bords de route. Si vous n’êtes pas sur de vous, ne cueillez pas. Vous pourrez trouver de l’ortie séchée chez un producteur-cueilleur, en herboristerie voire magasin bio. Choisissez pour une meilleure qualité des feuilles entières ou légèrement coupées si possibles, certains sachets ne contenant qu’une poudre indéfinissable avec les tiges dures, fibreuses et sans intérêts pour une tisane.
La semaine prochaine, je reviendrai avec 2 recettes rapides intégrant l’Ortie bien sûr, et pouvant s’insérer facilement à la table chaque jour si envie.
Alors, vous reprendrez bien un peu d’ortie ?
Sources : Claudine Luu : 1000 remèdes à faire soi-même
https://www.altheaprovence.com/magnesium-naturel-ortie/
Eric Lorrain : grand manuel de phytothérapie
wikiphyto : http://www.wikiphyto.org/wiki/Ortie
Anne Vastel & Sylvie Chagnon : Médecine traditionnelle chinoise et plantes médicinales occidentales
Jean Valnet : Phytothérapie – se soigner par les plantes
Photos : Michaël Martinez [CC BY-SA 2.0 FR], via Tela Botanica
Pauline Lefort [CC BY-SA 2.0 FR], via Tela Botanica
Renaud JÉgat [CC BY-SA 2.0 FR], via Tela Botanica
et photos personnelles